La montagne a accouché d’une souris. Nous attendions beaucoup de cette journée du handicap, avec la présence à la Cinémathèque de Nicolas Sarkozy et de certains de ses ministres. Le président a servi un beau discours d’une cinquantaine de minutes avec une langue de bois du plus bel effet : « le handicap est une priorité de la nation » ; « C’est un combat de chaque minute, on pourrait même dire de chaque seconde. » Etc. Mais quand il s’est agi de parler de l’allocation adulte handicapé (AAH), c’est-à-dire de la somme dont une personne handicapée dispose pour vivre, plus personne. Le discours reste inchangé. Le plafond de l’AAH qui est aujourd'hui de 628 € sera revalorisé de 5 % par an. Mais avec une inflation de 3% (peut être plus, car Gazprom annonçait il y a quelques heures s’attendre à voir le pétrole brut monter dans les mois qui viennent jusqu’à 250 $ le baril), on est toujours très loin en dessous du seuil de pauvreté. « Cette hausse doit être l’occasion de réformer l’AAH qui ne correspond plus à vos aspirations » à dit le président Sarkozy, oubliant que le principal reproche fait à l’AAH, c’est son montant.
En dehors de cela, et de l’émotion convenue d’un discours de circonstance, Nicolas Sarkozy a fait des propositions très en deçà de que nous attendions pour ce qui est des moyens de l'application de la loi du 11 février 2005.
Quid de l'accessibilité, du fonctionnement des Maison départementales des personnes handicapées qui je le rappelle dépendent des orientations politiques des conseillers généraux. Les conditions d’accueil dans les écoles et en milieu scolaire ordinaire n’ont pas changé, alors que l’on supprime des postes dans l’éducation nationale. La formation des AVS n’a pas évolué.
Nicolas Sarkozy n'a fait que rappeler les sanctions à l’égard des organisations qui ne respectent pas le quota de 6 % de salariés handicapés, et noté qu’à sa demande l’administration avait fait un effort dans ce sens... On a eu droit à un discours sentant le réchauffé. Le président ne s'arrête pas là : il s’apprête à recevoir le tout nouveau secrétaire général de préfecture paraplégique qui vient d’être nommé. Une belle image pour les médias…
On attendait du nouveau, et surtout le passage de l’AAH à parité avec le SMIC, l'intégration dans le futur RSA des personnes handicapées, l'embauche et la formation des AVS, la déduction supplémentaire sur la taxe d'habitation, de vraie mesures incitatives à l'emploi... On a eu droit à un discours au refus très net de donner aux personnes handicapées une allocation leur permettant de vivre décemment.
En tant que secrétaire fédérale du Parti Socialiste en charge questions sociales et des solidarités, et présidente de l’association C’La Vie qui oeuvre en faveur des personnes handicapées, je trouve cette attitude inacceptable et je tiens à l’exprimer.